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Placés sous les bûches que l’on met à brûler, les chenets permettent de laisser l’air circuler sous le bois et d’attiser les flammes. Un chenet est constitué d’un chevalet ou barre de feu, barre sur laquelle on fait reposer les bûches, et d’une tête de chenet décorative. Lorsque celle-ci est haute, comme cela a été le plus souvent le cas du Moyen-Âge au XVIIe siècle, on préfère le nom de landier.

Le nom des chenets, venant du mot « chien », renvoie au rôle de cet outil qui garde le feu, et à leur forme rappelant des chiens assis. C’est pourquoi la langue anglaise les nomme aussi « firedogs ». Il est d’ailleurs courant de voir des chenets ornés de chiens couchés ou assis, montant la garde du foyer de cheminée, et plus symboliquement du foyer qu’est la maison. Perpétuant cette idée, ces chiens ont pu être remplacés par des lions, ou des sphinx avec Marie-Antoinette et sous l’ Empire.

L’utilité des chenets s’est vite imposée. Les ruines de Pompéi permettent d’attester que surélever le feu sur des barres de fer était déjà un procédé connu de l’Antiquité. Au Moyen-Âge, les landiers sont très hauts, tout comme les cheminées, et sont équipés en cuisine de réceptacles, les rouelles, permettant de garder des plats au chaud.

A la Renaissance , ils commencent à être réalisés en bronze, plus léger que le fer. Le chenet Renaissance est généralement terminé d’une boule. Puis, à l’âge classique, la bourgeoisie et l’aristocratie du XVIIe siècle vont systématiquement s’équiper de chenets, souvent en cuivre. L’intérêt décoratif des chenets s’est développé sous Louis XIII, où l’on voit apparaître des chenets en argent commandés par le Cardinal Mazarin. Le château de Versailles comptait ainsi sous Louis XIV une quarantaine de paire de landiers en argent, mais ils ont été fondus pour alimenter l’effort de guerre du Roi Soleil.

Le XVIIIe siècle, véritable âge d’or des chenets, laisse de côté l’argent et le cuivre au profit du bronze doré. Comme le reste de la décoration d’intérieur, le chenet est dessiné et redessiné par les grands ornemanistes des styles Louis XV et Louis XVI, si bien que le Château de Versailles et Trianon en comptent une très grande variété.

Le style Louis XV associe avantageusement les formes rappelant les flammes au bronze doré qui luit près du feu. Les formes sinueuses peuvent parfois se suffire à elles mêmes, mais elles accueillent souvent des couples d’animaux ou de personnages qui se répondent, parfois mis en valeur par une patine plus sombre. Sur les chenets se déroulent ainsi des scènes de jeux d’enfants, de repos, de galanterie ou de chasse. La bonne humeur italienne de Jacques Caffiéri est ainsi à la mode, la cheminée devient donc un espace de convivialité et d’intimisme avec par exemple sa paire du « Coq » et de la « Poule » représentant une scène galante entre deux jeunes gens.

Le style Louis XVI utilise encore ces animaux en couples complémentaires, comme les célèbres chenets au cerf et au sanglier de Madame du Barry, conçus par Quentin-Claude Pitoin en 1772. Ces animaux reposent cependant sur des socles symétriques et ordonnés qui caractérisent les chenets de cette nouvelle tendance adoptée par Marie-Antoinette. Souvent agrémentés de vases et de guirlandes, les chenets de l’époque revisitent les formes de l’Antiquité et adoptent aussi sphinx et chimères. Les modèles de Charles De La Fosse et les réalisations de Pitoin et de Pierre-Philippe Thomire dominent la période.

Plutôt que d’être conçus par paires, les chenets sont parfois montés sur une barre, ce qui sera souvent utilisé dès l’Empire. Le XIXe siècle réemploie largement les vocabulaires du XVIIIe siècle, en faisant appel aux grands sculpteurs du temps comme Carrier-Belleuse ou Feuchère, et aux grands bronziers comme la maison Barbedienne.
Mais les chenets, au nom moyenâgeux, éveillent aussi les amateurs du style Néo-Gothique. Se développent donc au XIXe siècle de nombreux chenets en fer forgé inspirés du Moyen-Âge, avec plus ou moins de fantaisie. Les chenets fin de siècle d’Eugène Grasset conservés au Musée des Arts Décoratifs contribuent ainsi à accentuer le charme mystérieux que peut avoir l’espace de la cheminée.


Bibliographie

Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Robert, 1992, p. 735.

 

Raymond Lecoq, Les objets de la vie domestique : ustensiles en fer de la cuisine et du foyer des origines au XIXe siècle, Berger-Levrault, Paris, 1979.

« Landiers conservés au Musée de Cluny », dessin des pièces du musée du Moyen-Âge par Thérond, presse du XIXe siècle.
Chenet en cuivre, XVIIe siècle. Musée national de la Renaissance, Château d’Ecouen.
Paire de landiers, fin du XVIIe siècle. Attribués à Jean-Antoine Ducerceau. Metropolitan Museum, New-York.
Chenet représentant Pluton, dans le cabinet du Roi. Bronze doré, style Louis XV, Château de Versailles.
Jacques Caffiéri, « La Poule » et « Le Coq », chenets en bronze doré, 1735. Paris, Musée des Arts Décoratifs.
Chenets aux lions Louis XV à deux patines, vers 1750, Château de Versailles.
Chenets de Style Louis XV à deux patines, vers 1750, collection De Agostini, Getty Images.
Quentin-Claude Pitoin, chenets style Louis XVI du grand cabinet de Marie Antoinette, 1771. Musée du Louvre.
Quentin-Claude Pitoin, paire de chenets au cerf et au sanglier, pour le Salon de Madame du Barry, 1772. Château de Versailles.
Paire de chenets au lion ailé, réalisés en 1784 par Pierre-Philippe Thomire, pour les filles de Louis XV au château de Bellevue. Musée du Louvre.
Barre de chenets de style Directoire, 1800-1815. Château de Fontainebleau.
Gilbert Honoré de Chaumont, barre de chenets du roi Louis-Philippe au Grand Trianon, 1838.
« Un foyer de cuisine au Moyen-Âge », illustration dans Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné du mobilier de l’époque carolingienne à la Renaissance, 1859.
Chenêts néo-gothiques réalisés par Eugène Grasset en fer forgé, vers 1880-1885. Paris, Musée des Arts Décoratifs.