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Georges Eugène Haussmann (1809-1891), qui se fit appeler Baron suite à son élection au Sénat en 1857, est notamment connu pour avoir été préfet du département de la Seine de 1853 à 1870. Durant cette période, il a imaginé et dirigé les grands aménagements de Paris sous les ordres de Napoléon III.

Au milieu du XIXème siècle, les rues de Paris sont sombres et étroites, issues du Paris médiéval. Lors  de  son  exil  en  Angleterre,  Louis-Napoléon  Bonaparte  visite  Londres dont  les quartiers ouest ont été reconstruits à la suite du grand incendie de 1666. Il est très impressionné par  les  grandes  rues,  l'urbanisme  moderne  et  l'accent  mis  sur  l'hygiène.  Sa  grande  volonté politique lors du Second Empire sera de faire de Paris une ville aussi moderne et prestigieuse que Londres. Selon l'architecte Stéphane Kirkland, Louis-Napoléon Bonaparte était un visionnaire idéaliste qui souhaitait reconstruire Paris à l'occasion de la nouvelle ère industrielle. Il aurait eu un rôle essentiel dans la conception du nouveau Paris, projet pharaonique duquel le Baron Haussmann serait chargé.

Descendant d'une famille alsacienne protestante, Georges Eugène Haussmann a des liens paternels aussi bien que maternels à la Révolution et à Napoléon. Son grand-père paternel était membre des assemblées législative et conventionnelle pendant la Révolution. Son grand-père maternel, lui, était un général sous Napoléon. Haussmann est né à Paris le 27 mars 1809, dans une maison qu'il fera démolir pour construire la petite place qui joint le Boulevard Haussmann et l'Avenue de Friedland. Il étudie le droit à Paris.
   Issu des écoles napoléoniennes, Haussmann est loin d'être idéaliste, et préfère les projets concrets, rationnels et réalisables. Comme le montrent ses mémoires, c'était un homme très sérieux et organisé, qui gardait par exemple des inventaires de l'ensemble des meubles de chacune de ses résidences et qui effectuait une description précise de l'itinéraire de chacun de ses voyages. Nous conservons ainsi une documentation sur le nombre de lanternes à gaz comparé à celui des lampes à huile qu'elles remplaçaient, ou encore du nombre de châtaigniers plantés le long des boulevards. Son caractère ordonné et discipliné et sa confiance en l'administration comme instrument principal de la transformation sociale faisaient du Baron Haussmann le partenaire idéal de l'empereur dans le projet de réaménagement de la capitale.
   Haussmann n'est pas proche de la Seconde République, proclamée en 1848. Cependant, il se rapproche du Président Louis-Napoléon Bonaparte. Ainsi, il est nommé préfet de Bordeaux, puis de Paris. Il restera entièrement dévoué à Louis-Napoléon et aux Bonapartistes jusqu'à sa mort, le 11 janvier 1891, à Paris.

   Arrivant à Paris en tant que préfet de la Seine, Haussmann est reçu par Napoléon qui lui montre une carte de Paris indiquant les nouvelles rues qu'il aimerait voir percées. Ces deux hommes mèneront ensemble la transformation du Paris médiéval en ville moderne, soit le plus grand projet de réaménagement urbain de l'histoire de l'Europe occidentale. Ce projet du XIXème siècle dirigé par le Baron Haussmann et terminé sous la IIIème République créera l'aspect moderne que Paris conserve jusqu'à nos jours. Outre la construction de la Tour Eiffel , du Sacré-Cœur, des gratte-ciels de Montparnasse et de La Défense, du Front-de-Seine, et la gentrification autour de la Bastille, Paris demeure la ville qu'Haussmann et Louis-Napoléon avaient imaginée.
   Selon ses mémoires, Haussmann se considérait comme « l'instrument dévoué » de l'empereur pour l'exécution de ce « projet colossal ». Les deux hommes se réunissaient presque tous les jours pour discuter des avancées des travaux. De manière générale, il appartenait au Baron Haussmann de réaliser les visions d'ensemble de l'empereur. Le préfet avait un pouvoir très important, ce qui poussa Adolphe Tiers à le considérer comme un « vice-Empereur ».
   Louis-Napoléon ne voulait pas augmenter les impôts pour financer le projet. Haussmann eut donc l'idée d'ouvrir le capitalisme, stimulé et dirigé par les investissements de l’État, et de prélever une taxe sur tous les produits et matériaux entrant dans la capitale. Ainsi, il permit l'autofinancement du projet de rénovation. A cette époque, c'était un mode de financement très innovant.

Au-delà de la réorganisation de l'espace urbain, l'empereur et le préfet de Paris manœuvrent ensemble pour une transformation sociale, politique et culturelle de la ville. Le projet du Baron Haussmann pour le réaménagement de Paris a grandement contribué à la pacification de la capitale. En effet, la reconstitution de l'espace urbain à travers le percement de grands boulevards et la destruction des petites rues étroites facilement barricadées a permis de protéger Paris contre les insurrections urbaines que la ville avait pu connaître par le passé, notamment lors de la Fronde au XVIIème siècle ou encore lors de la Révolution de 1848. A l’exception de la Commune de 1871, Paris ne connaîtra plus d'insurrections urbaines d'une telle violence. Pour rendre plus difficiles de telles insurrections, le Baron Haussmann a par exemple l'idée de faire acheter par la ville de Paris le canal St Martin, puis de faire construire un nouveau boulevard, l'actuel Boulevard Richard Lenoir, traversant le canal et liant le Château d'Eau (l'actuelle place de la République) à la place du Trône (l'actuelle place de la Nation), permettant de contrôler « le centre habituel des […] manifestations » et d'éviter l'emploi du canal comme barricade. Louis-Napoléon approuve cette stratégie.

Le travail du Baron Haussmann et de Louis-Napoléon n'a pas seulement permis une pacification stratégique de la capitale. Il a aussi mené à la création du Paris que l'on connaît aujourd'hui, ville aimée par ses habitants et admirée dans le monde entier. La vie Parisienne est transformée par la vie du Boulevard et « l'esprit de boulevard », qui deviendra un aspect caractéristique de la capitale (voir Illustration 6).
   Le préfet crée un nouveau réseau urbain (Illustration 4), en agrandissant d'anciennes rues et en perçant de grandes avenues bordées d'immeubles de rapport plus spacieux et luxueux que les réalisations précédentes. Il place les grandes gares de chemin de fer autour de la vieille ville. De grandes avenues voient le jour, telles que l'avenue de l'Opéra ou l'avenue de la Grande Armée pour n'en citer que deux. Des espaces sont créés pour mettre en valeur les monuments, comme la place de l'Opéra ou la place de l’Étoile (actuelle place Charles de Gaulle), places auxquelles mènent plusieurs avenues (voir Illustrations 3 et 5).
   Le préfet impose son goût pour les lignes géométriques, la monumentalité, et l'esthétique de l'urbanisme classique plutôt que médiéval, c'est-à-dire un urbanisme constitué d'immeubles uniformes, de places ornées de statues, et de grandes avenues linéaires guidant le regard jusqu'à un monument isolé. Il est influencé par ses années passées à Bordeaux, où il a pu connaître une ville transformée en ville moderne au XVIIIème siècle.
   Sous le Second Empire, l'Ouest de Paris se développe particulièrement, notamment à travers le percement de rues et la création de parcs tels que le Bois de Boulogne et le Parc Monceau. Le Baron Haussmann contribue au déplacement du centre de Paris vers l'Ouest, autour de l'Opéra et des nouveaux boulevards. Il transforme l'Île de la Cité et ses environs pour mettre en valeur les monuments et bâtiments administratifs du centre-ville en les isolant. Il crée de grands espaces autour de monuments tels que l'Hôtel de Ville, le Louvre, le Palais de Justice, ou encore Notre-Dame. Le parvis de Notre-Dame tel qu'il est aujourd'hui (Illustration 7) est créé à cette époque, plus de 40 fois plus grand qu'il était au XIIème siècle. Selon David P. Jordan, spécialiste d'Histoire française, l'Île de la Cité est le meilleur exemple de l' « haussmannisation » de Paris (Illustrations 8 et 9).

Le Baron Haussmann, qui n'était pas très attaché au vieux Paris, agit par un souci d'assainissement de la ville : les grandes avenues sont ponctuées par d'importants parcs et jardins. Voulant éliminer les égouts ouverts, il repense également le système des égouts de Paris, et la distribution d'eau potable. Le préfet et l'empereur souhaitent développer un transport direct et pratique au sein de la ville. Ces réalisations, si elles ont détruit des ensembles de ruelles médiévales, n'en ont pas moins donné à Paris une cohérence  urbaine  et  des  espaces  aérés  modernes  et majestueux.

La « Révolution  Haussmannienne » que connaît Paris au XIXème siècle intervient également sur l'esthétique des immeubles privés. Des règles de construction vont désormais voir le jour et seront respectées pour assurer une cohérence et une unité entre les différents bâtiments.
   C'est  ainsi  que  naît  ce  que  l'on  nomme  « l'immeuble  haussmannien » (Illustration 10).  Celui-ci  devra impérativement avoir un rez-de-chaussée et un entresol avec mur à bossage ; un deuxième étage  dit  « noble »  avec  balcons ;  les  troisième  et  quatrième  étages  dans  le  même  style avec  des  encadrements  de  fenêtres  moins  ornementés ;  un  cinquième  étage  avec  balcon filant  et  des  combles  à  45  degrés.  Les  façades  doivent  être  parfaitement  alignées,  sans retraits ni saillies.
Dans ces immeubles, la part belle est faite aux intérieurs et à leur décoration, notamment par l'ajout  de  belles  cheminées  en  marbre  de  styles  Louis  XV,  Louis  XIV  ou  encore  Louis  XVI, celles qui seront appelées « Cheminées haussmanniennes ».


Bibliographie

 

DANSETTE, Adrien, « L'Œuvre du Baron Haussmann à l'épreuve du temps », Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1972, Editions de Boccard, Société de l'Histoire de France, p. 59-72.

 

 

 

JORDAN, David P., « Baron Haussmann and modern Paris », American Scholar, 1992, Vol. 61, p. 99-107.

 

 

 

MULLANEY, Marie M., « Review of Paris Reborn : Napoléon III, Baron Haussmann, and the Quest to Build a Modern City »,Library Journal, 2013, January 3rd, Vol. 138, Issue 4, p. 81.

 

 

 

Columbia Electronic Encyclopedia, Georges Eugène Haussmann, Baron, Issue 4, 2016

 

Le baron Haussmann, Adolphe Yvon, Musée Carnavalet - Histoire de Paris, 1867.
Adolphe Yvon, Napoléon III remettant au baron Haussmann le décret d'annexion à Paris des communes suburbaines le 16 février 1859, 1865, Musée Carnavalet.
Le percement de l'avenue de l'Opéra.
Les principaux axes créés ou transformés sous le Second Empire et au début de la Troisième République.
Camille Pissarro, Avenue de l'Opéra, 1898, Musée des Beaux-Arts de Reims.
Bataille de confetti et arbres enrubannés de serpentins sur les Grands Boulevards en 1896.
Le Parvis de Notre-Dame, place Jean-Paul II.
L’île de la Cité et son tissu urbain médiéval avant les travaux haussmanniens (plan Vaugondy de 1771).
L’île de la Cité remodelée par les travaux d’Haussmann : nouvelles rues transversales (rouge), espaces publics (bleu clair) et bâtiments (bleu foncé).
Façade d'un immeuble haussmannien Place Saint Georges à Paris.
Gustave Caillebotte, Rue de Paris, temps de pluie, 1877, Art Institute, Chicago.
Boulevard Haussmann, Paris.