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Le mot "licorne" remonte au XIVème siècle, il est dérivé de l’italien alicorno, lui-même venant du latin unicornis, désignant une créature à une corne. La licorne a alimenté de nombreux mythes et légendes et a influencé de nombreux artistes.

 

La licorne dans le monde, une origine asiatique

C’est en Inde, au Tibet et en Perse que les premières traces de ce mythe semblent prendre racines. D’abord liées à des rituels de fertilité chamanique et à la lune, elles apparaissent bien vite dans la culture populaire. On trouve à Persépolis des bas-reliefs mettant en scène ces animaux (voir photo n°1). Dans une vieille légende indienne on parle de l’ermite cornu « Ekasringa », qui fut exporté un peu partout en Asie. En Chine & au Japon, ces animaux sont les « Qilin » ou « Kirin » (voir photo n°3) et ressemble plus à des reptiles et autres dragons.

On dit que les princes indiens buvaient dans des cornes de licorne taillées afin de se prémunir du poison. Cette réputation est relatée par des textes de l’antiquité grecque :

« des ânes sauvages de la grandeur des chevaux, et même de plus grands encore. Ils ont le corps blanc, la tête couleur de pourpre, les yeux bleuâtres, une corne au front […] On en fait des vases à boire. Ceux qui s'en servent ne sont sujets ni aux convulsions, ni à l'épilepsie, ni à être empoisonnés, […] L'âne d'Inde est le seul qui les ait. Leur osselet est le plus beau que j'aie vu ; il ressemble pour la figure et la grandeur à celui du bœuf. […] Cet animal est très fort et très vite à la course. Le cheval, ni aucun autre animal, ne peut l'atteindre. »
Ctésias, Histoire de l'Inde, chapitre XXV, IXème siècle av. J.C.

 

Un animal divin purificateur

Le pouvoir de purification de la licorne est très important au Moyen Âge où les maladies étaient encore peu connues. On dotait la créature du pouvoir de purifier les eaux avec sa corne et la poudre de cette dernière serait le meilleur des antipoisons.
Afin d’intégrer cet animal païen à la culture catholique, elle fut rapidement assimilée à un animal divin. Dans la bible, on trouve un animal à une corne sous le nom de re’em, c’est une sorte de buffle sauvage cornu, représentant la puissance divine. Mais lors de la traduction de l’Hébreu en grec c’est le mot de monoceros (une corne) qui fut choisi, associant les descriptions des licornes avec cet animal.

A partir des XIIème & XIIIème siècles, la licorne envahit les arts. On la trouve dans les célèbres bestiaires enluminés (voir photo n°4) aux côtés de l’éléphant et du lion ; mais également sur des tapisseries, comme la célèbre chasse à la licorne des Cloisters de New York ; ou encore dans des chants tels l’histoire de la Dame à la licorne et le chevalier au lion.
De nombreux récits relatent des scènes de capture de licorne (voir photo n°5). C’est une entreprise aussi dangereuse que difficile, la bête étant décrite comme d'une rare cruauté et très rapide. Cependant une jeune fille vierge, symbole de pureté, peut attirer cet animal, qui tombe alors dans le sommeil et rend sa capture possible. Un rapprochement entre cet animal noble et pourchassé et le Christ Rédempteur sera fait : « une licorne céleste qui descendit dans le sein de la Vierge ».

« monocéros ou unicornis ayant la taille et la forme d'un chevreau avec une corne au milieu de la tête, si féroce qu'aucun homme ne peut s'en emparer, sauf en conduisant une jeune fille vierge à l'endroit où demeure la licorne et en la laissant seule dans le bois, assise sur un siège. Quand la licorne voit la jeune fille, elle s'endort sur ses genoux, les chasseurs s'en emparent et la conduisent dans les palais des rois. »
Pierre de Beauvais, Bestiaire, XIIIème siècle

 

Les cabinets de curiosité

Les cabinets de curiosités sont très prisés pendant la Renaissance, à mi-chemin entre le cabinet d’apothicaire et une collection artistique (voir photo n°2). On collectionne des objets insolites, intriguants, parfois que l’on dote de propriétés magiques. Entre un cristal de roche, une pierre de bezoard et des sculptures romaines, il n’est pas rare de trouver une corne de licorne, pour peu que le regardeur soit en présence de la collection d’un prince. Ces objets étaient conservés telles des reliques ornées de précieuses montures. Car cet objet est un bien rare & précieux et donc très cher.

Le Calife de Bagdad Haroun-al-Rachid offrit en cadeau diplomatique à Charlemagne en 807 une corne de licorne, qui est aujourd’hui conservée au musée de Cluny. Lors de l’inventaire du cabinet de curiosités des Médicis on constate qu’une corne de licorne vaut 6.000 florins, quand un Van Eyck n’en vaut que 30. Bien entendu ces cornes ne provenaient pas réellement de cet animal légendaire, mais de narval. D’abord rare, la multiplication des moyens de navigation rendit l’objet plus banal et son cours s’effondra. Le pot-aux-roses fut totalement découvert au XVIIème siècle. Cela n’empêcha pas le roi du Danemark de se construire à la même époque un « Trône des Licornes » entièrement réalisé en corne de narval et morses (voir photo n°7).

 

XIXème siècle : la vogue du Moyen-Âge & Renaissance remet au goût du jour la licorne

Au XIXème siècle à partir de la Restauration, les artistes s'interessent au temps des Rois de France. On se souvient alors des livres enluminés, des tentures et des blasons figurant la licorne. Le musée de Cluny ouvre ses portes en 1844 et les artistes se pressent dans ce musée pour trouver l’inspiration. Son conservateur, Edmond du Sommerard, fait l’acquisition en 1882 de la Dame à la Licorne, une série de six tapisseries réalisées dans les Flandres entre 1484 et 1538 (voir photo n°14). Les interprétations de cette œuvre mystérieuse sont nombreuses et ont grandement influencées toute une génération d’écrivains, notamment les Symbolistes avec Gustave Moreau à leur tête (voir photo n°9).
Aujourd’hui la licorne est encore très utilisée dans les œuvres d’art. C’est le cas du célèbre photographe David Lachapelle (Voir photo n°13) ou encore de l’artiste contemporain Damien Hirst (voir photo n°12).

 

Symbole héraldique fort

Toutes ces valeurs ont doté la licorne d’un fort pouvoir symbolique, envoyant une image de noblesse et de pureté, mais également de courage et de force. Elle est donc largement utilisée en Europe par seigneurs et chevaliers, envahissant les blasons à partir du XVème siècle. C’est le cas de Bartolomeo d'Alviano (1455 -1515) le condottiere au service des Orisini dans la Venise du XVIème siècle ; son blason figurait une licorne plongeant sa corne dans un court d’eau avec la mention « Je chasse le poison ».
Mais on la trouve également pour des royaumes, comme celui de la Grande-Bretagne, composée du lion anglais et de la licorne écossaise (voir photo n°10) ; au Canada en référence au drapeau que planta Jacques Cartier orné d’une licorne portant les armes de France. Ou encore pour des villes (Amiens et St Lô - voir photo n°11) et des confréries, comme l'Honorable Société des Apothicaires de Londres (The worshipful Society of Apothecaries of London).

Cet animal est donc présent sur tous les éléments héraldiques, aussi bien les objets de guerre et de parade comme les fanions et équipements militaires ; que les éléments attachés à la résidence des seigneurs comme l'architecture en bas-relief sculptés, les cheminées, ainsi que sur les plaques de cheminées.


Bibliographie

Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Paris, Le pré aux clercs,‎ September 14th, 2007.

Francesca Yvonne Caroutch, Le mystère de la Licorne: à la recherche du sens perdu, Dervy,‎ 1997.

Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,‎ 2005, « licorne ».

Christine Davenne, Modernité du cabinet de curiosités, L'Harmattan, coll. « Histoires et idées des arts »,‎ 2004.

Bruno Faidutti, Images et connaissance de la licorne : (Fin du Moyen Âge - XIXe siècle), Paris,‎ November 30th, 1996.

Louis-Paul Fischer & Véronique Cossu Ferra Fischer, « La licorne et la corne de licorne chez les apothicaires et les médecins » (“The Unicorn and the unicorn's horn with apothicaries and doctors”), Histoire des sciences médicales, vol. 45, no 3,‎ 2011, p. 265-274.

Margaret Freeman, La Chasse à la licorne : prestigieuse tenture française des Cloisters, Lausanne, Edita,‎ 1983.

James Giblin (ill. Michael McDermott), The Truth about Unicorns, Harper Collins Publishers,‎ 1991.

Pierre Malrieu, Le bestiaire insolite: l'animal dans la tradition, le mythe, le rêve, La Duraulié, coll. « Les Fêtes de l'irréel »,‎ 1987.

Guy de Tervarent, « Licorne », Attributs et symboles dans l'art profane – dictionnaire d'un langage perdu (1450-1600), Coll. Titre courant, Ed. Droz, Genève, 1997, p.281.

Photo n°1 : Licorne dans les ruines de Persepolis. Carstens Niebuhr (1733-1815), Voyage en Arabie et en d’autres pays circonvoisins, gravure, Amsterdam, 1779.
Photo n°2 : Le cabinet de curiosité du pharmacien et naturaliste napolitain Ferrante Imperato (1550-1625) en 1672. Gravure, Bibliothèque Estense, Modène.
Photo n°3 : Qilin en bronze.
Photo n°4 : Andres de Valdecebro, Licorne, 1658. Illustration inspirée de la description de Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle : « La bête la plus sauvage de l’Inde est le monocéros ; il a le corps du cheval, la tête du cerf, les pieds de l’éléphant, la queue du sanglier ; un mugissement grave, une seule corne noire haute de deux coudées qui se dresse au milieu du front. On dit qu’on ne le prend pas vivant. » (livre VIII, chapitre XXXI)
Photo n°5 : Illustration d'une Chasse à la licorne extraite du bestiaire enluminé le Rochester Bestiary (Bestiaire de Rochester), vers 1230.
Photo n°6 : Raphaël (1483-1520), La dame à la licorne, 1505-1506, Galerie Borghèse, Rome (Italie).
Photo n°7 : Trône de licorne des rois du Danemark, 1671. Dents de narvals & défenses de morses.
Photo n°8 : Michael Bernhard Valentini (1657-1729), Licorne et narval, Museum Museorum, 1714. Gravure.
Photo n°9 : Gustave MOREAU (1826-1898), Poete persan, © RMN - R.G. Ojeda.
Photo n°10 : Statue de Licorne à Hampton Court, Angleterre. Elle fait face au Lion situé sur l'autre colonne.
Photo n°11 : Armoiries de la Ville d'Amiens, facade du musée de Picardie, Amiens, France.
Photo n°12 : Damien Hirst, Broken Dream (Rêve brisé), 2008. L'art contemporain montre de nombreuses chimères avec le retour à la mode de la taxidermie au XXIème siècle.
Photo n°13 : Le photographe David LaChapelle, The New Seekers avec la mannequin Guinevere van Seenus, avril 1995 pour le magazine The Face.
Photo n°14 : La Dame à la licorne, La Vue, entre 1484 et 1538, Flandres, Musée de Cluny, Paris.
Photo n°15 : Plaque aux licornes aux armes des Le Peletier.