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L'intérêt des occidentaux pour le monde oriental, dit Orientalisme, trouve ses racines au XVIIème  mais prend toute son ampleur au XIXème siècle. Facilité par le développement des moyens de transport, l'orientalisme ne tarde pas à se retrouver dans toutes les formes d'art et à attirer des artistes appartenant à des courants très divers tant il répond à plusieurs aspirations. Si le mouvement connaît une grande fortune dans le monde des arts, il est d'abord lié à des problématiques politiques. Les conquêtes napoléoniennes, d'abord, apportent la vision nouvelle d’un Orient source d’un certain savoir. Des artistes, comme Vivan Denon, accompagnent les expéditions et ramènent études et autres répertoires de motifs. Une vague d’égyptomanie naît de ces conquêtes et laisse ses empreintes dans le style Empire .

Parallèlement, l'effondrement de l'Empire Ottoman est au cœur de l'actualité européenne et la guerre d’indépendance grecque suscite à partir de 1821 un important mouvement philhellène, notamment en France, qui agite l’opinion publique indignée par le sort des grecs insurgés, et contribue tant au débat politique qu’à un engouement artistique sans précédent pour l’Orient. Le motif du soldat ottoman devient ainsi un des motifs récurrents en peinture. La jeune génération des romantiques s’implique dans le débat avec Victor Hugo ou encore Lord Byron et le goût pour les contrées lointaines devient une possible réponse à leur quête de richesse et de diversité.

L’orientalisme, qui répond à une esthétique toute romantique empreinte de quête d’ailleurs, a donné lieu à des représentations d’un Orient complètement rêvé ; d’autant plus rêvé qu’il s’applique à un espace géographique et historique flou. Réalisme et idéal se mêlent ainsi dans cette nouvelle vague picturale : l'orientalisme, ou autrement dit la vision occidentale de l'Orient, est né. L’Algérie devient par exemple une source d’inspiration avec l’expansion coloniale – Charles X décidant en 1830 de l’expédition française – qui fait peindre à Delacroix Femmes d’Alger dans leur appartement, où, dans des poses alanguies, elles mènent une vie oisive. Les femmes orientales, en effet, fascinent les européens. Associées à une sensualité provocatrice et nonchalante, et à un certain mystère empreint de pouvoir et d’envoûtement, elles deviennent un motif de prédilection, que Ingres reprend dans son Bain turc, occasion de multiplier des nus suivant les canons classiques.

Après avoir largement pénétré la peinture et la littérature dans la première moitié du XIXème siècle, c’est au tour des arts décoratifs et de l’architecture, encouragés par les Expositions universelles , de puiser leurs motifs et leurs techniques dans le monde oriental. A partir de l' Exposition Universelle de 1867 , les européens sont ainsi autant attirés que surpris par les nombreux pavillons orientaux, comme celui pour l’Empire Ottoman construit par Léon Parvillée. Céramistes et verriers notamment, tels que Théodore Deck et Philippe-Joseph Brocard, tirent leurs techniques et leur décors de l’art arabe qu’ils cherchent à rivaliser. S’inspirant de l’Espagne mauresque, incluse désormais dans l’orientalisme, Théodore Deck fait des céramiques aux motifs végétaux et au bleu turquoise sa spécialité.

La conquête de l’Algérie permet aussi et surtout la redécouverte des carrières d’ onyx en 1849. Dès lors, l’onyx sera un matériau des plus convoités en Europe. L’Hôtel de la P­aïva à Paris, du nom de la mondaine qui le fit construire entre 1856 et 1865 au 25, avenue des Champs-Élysées, regorge de décors somptueux caractéristiques de l’époque. La salle de bain de style Néo-Mauresque est ainsi réalisée en onyx, dont notamment une imposante cheminée à pieds lions.
Charles Cordier
(1827-1905), quant à lui, sera l’auteur de toute une série de bustes dits des « Nègres » en bronze et en onyx.

Comme en littérature et en peinture, l’orientalisme dans les arts décoratifs est à la fois fantasmé et très étudié. Empreints de l’éclectisme ambiant, les artistes décorateurs de l’époque créent des objets d’art au décor orientalisant tout en faisant preuve d’une réelle volonté de reproduire les techniques anciennes. Philippe J. Brocard, collectionneur et restaurateur, étudie directement les objets orientaux et grâce à lui renaît la technique de l’émaillage sur verre. Dans ce Bassin, exposé au Musée d’Orsay, il fait montre d’une véritable prouesse technique au niveau de l’incrustation des émaux rivalisant avec les modèles des verreries syro-egyptiennes des XIII et XIVe siècles. Certaines de ces créations, parfaitement inspirées des originaux, furent parfois même difficiles à reconnaître. Toutefois, ici, la présence des dragons en guise de pied, empruntés à l’art asiatique, est symptomatique d’une autre des plus grandes tendances du XIXème siècle : l’éclectisme. Dans ce même esprit, la maison Christofle réalise ce Vase « Éléphant » exposé aux Expositions universelles de Paris de 1878 et 1889 qui présente cette double inspiration : orientale au niveau de la panse, asiatique dans le pied.

Plus qu’un courant, l’orientalisme fait partie du climat ambiant, politique puis esthétique, voire d’un certain mode de vie. La maison Barbedienne , très célèbre fonderie de l’époque, se spécialise ainsi dans la copie d’antiques et réalise des objets d’art du quotidien comme ce Plat d'ornement à décor persan ou encore cette paire de Vases d’ornement imaginée par Constant Sévin. Plus encore, des excentriques, dont Pierre Loti est sûrement la figure la plus représentative, se parent de costumes orientalisants et organisent des bals costumés en l’honneur de ces contrées exotiques. L’orientalisme s’est ainsi propagé dans de nombreux milieux et domaines artistiques et continuera d’inspirer les artistes d’avant-garde au début du XXème siècle tels que Wassily Kandinsky et Paul Klee.

Vivan Denon (1747-1825), Intérieur du temple d'Apollinopolis à Etfoù, dessin de Denon, gravure de Baltard, Voyage dans la Basse et la Haute Égypte, pl.57, 1802.
Charles-Joseph Lemarchand (1759-1826), Cabinet, 1805-1810, Bâti en chêne, intérieur en cèdre, placage en acajou de Cuba moucheté, bronze doré, tablette en marbre, glace, Les Arts Décoratifs, Paris.
Eugène Delacroix (1798-1863), Scènes des massacres de Scio, 1824, huile sur toile, Musée du Louvre, Paris.
Delacroix (1798-1863), Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834, huile sur toile, Musée du Louvre, Paris.
Ingres (1870-1867), Le Bain turc, 1862, huile sur bois, Musée du Louvre, Paris.
Le quartier turc de l'Exposition universelle de 1867, Léon Parvillée (1830-1885).
Théodore Deck (1823-1891), Vase « Alhambra », vers 1878, faïence, Les Arts Décoratifs, Paris.
Salle de bain de l’Hôtel de la Païva, 1856-1865, 25, avenue des Champs-Élysées, Pierre Manguin.
Charles Cordier (1827-1905), Capresse, 1861, bronze et onyx, Musée d’Orsay, Paris,
Joseph Brocard (1831-1896), Bassin, 1871, Verre soufflé, décor émaillé et doré, support original en bois noirci, Musée d'Orsay, Paris.
Christofle & Cie, Vase « Éléphant », vers 1878, Bronze patiné et incrusté, émail cloisonné, Les Arts Décoratifs, Paris.
Maison Barbedienne, Plat d'ornement à décor persan, entre 1870 et 1880, émail cloisonné sur cuivre, Musée d'Orsay, Paris
Maison Barbedienne, Constant Sévin, Vase d'ornement, 1862, cuivre, bronze doré et émail champlevé, Musée d'Orsay, Paris.
L’écrivain Pierre Loti (1850-1923)