Style Autre / Ref.11568
Décor d’une chambre en papier peint (manufacture Réveillon)
Dimensions
Époque et provenance:
France, XVIIIe siècle
Une découverte exceptionnelle
Ce très rare ensemble de panneaux de papiers peints de la fin du XVIIIe siècle provient d’un manoir normand, ancienne propriété de Pierre Joseph Antoine Beauperrey (1745-1794). Député du Tiers-Etat au bailliage d’Évreux de mars 1789 à septembre 1791, il compte parmi les signataires du Serment du Jeu de Paume. Cet exceptionnel décor de chambre à coucher est certainement le seul ensemble de papiers peints XVIIIe complet connu en France à ce jour. Ce type de décor d’époque, tapissant une pièce entière, conservé in situ ou déposé, est particulièrement rare et absent des collections publiques françaises. Un exemple comparable de la même période a récemment été replacé dans une salle du Château de Prangins en Suisse (fig. 1). Notre décor est constitué de sept panneaux encadrés d’une bordure à guirlandes de fleurs. Enrichi de soubassements correspondants, une paire de dessus de portes peints à la main complète cet ensemble remarquable.
Un précieux témoin du décor d’intérieur fin-XVIIIe
Originaire d’Asie, le papier peint chinois est commercialisé en Europe sous forme de panneaux au XVIIIe siècle. La Compagnie des Indes en France et la East India Company en Angleterre contribuent à lancer la mode de cette nouvelle ornementation murale. Porté par cet enthousiasme, le papier floqué anglais imite la production asiatique ; reproduisant les motifs de tissus d’ameublement damassés, les Anglais conservent le monopole de la production européenne jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. En France, la production de papier peint est attestée à partir de 1760.
L’évolution du cadre de vie domestique – meilleur fonctionnement des cheminées, introduction des poêles, intérieur moins humide – permet la mise en place de papiers aux murs. La diversité des motifs imprimés se prête à la progressive spécialisation des pièces : les lieux de passages sont tapissés de papiers sobres imitant les murs de pierre ou de marbre, les pièces fonctionnelles reçoivent des motifs géométriques ou floraux tandis que les boudoirs, bibliothèques et chambres à coucher bénéficient d’un décor plus riche dit en arabesque. C’est le cas des motifs des panneaux supérieurs de notre ensemble qui peuvent être rattachés à la célèbre manufacture Réveillon, concurrente sérieuse des réalisations anglaises. Ayant fait les frais des prémices de la Révolution française, l’établissement est repris par Jacquemart et Bénard en 1792, à qui nous donnons les soubassements. Processus artisanal jusqu’à son industrialisation en 1830, la fabrication du papier peint nécessite de coller les feuilles les unes aux autres pour former un rouleau (raboutage). Ce très rare ensemble est imprimé à la planche de bois sur papier vergé en plus de dix couleurs.
Motifs et attribution
Les motifs en arabesque et le traitement naturaliste des fleurs permettent de dater les panneaux vers 1785-1790. Sommet du luxe dans les années 1780, le décor de ces panneaux sur fond blanc est caractéristique du répertoire de la fin de la période Louis XVI : fontaine aux lions, terrasses verdoyantes peuplées d’animaux, d’oiseaux perchés et de vases fleuris. L’abondance de fleurs, la riche polychromie et l’équilibre charmant de la composition permettent de rattacher notre décor aux productions les plus réussies de la période, en premier lieu celles de la Manufacture royale Réveillon ou de ses successeur Jacquemart et Bénard. La finesse et la richesse des motifs évoquent les réalisations de La Vallée-Poussin, maître de l’arabesque et peintre proche de Jean-Baptiste Réveillon. Par ailleurs, l’extrême concentration de la production française de papier peint dans la capitale plaide pour une production d’origine parisienne.
En harmonie avec le reste du décor, les dessus de porte sont peints à la main sur papier vergé et témoignent du raffinement de l’ensemble. Représentant un vase d’orfèvrerie en trompe-l’œil chargé d’un bouquet de roses et de renoncules, il est à rapprocher des compositions de dessus de porte dessinées par Joseph-Laurent Malaine (1745-1809). Peintre-cartonnier à la manufacture des Gobelins spécialisé dans la représentation de fleurs, il réalise de nombreux motifs pour la manufacture Hartmann Risler et Cie à la fin des années 1790 (fig. 2 et 3). Donnant la part belle au vase, la composition témoigne de la faveur dont jouissent les natures mortes flamandes en France à cette période, en particulier les tableaux de Gérard Van Spaendonck.
Bibliographie en rapport :
Érick Noël, Jean-Baptiste Réveillon, Homme d’affaires et roi de la fête (1725-1811), Hémisphères éditions, 2025.
Christine Velut, Murs de papier, L’atelier du papier peint (1798-1805), BnF éditions, 2018.
Informations
Prix: sur demande
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Largeur : 412
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