Ref.14900
Plaque de cheminée aux armes de France, avec une tête d'Apollon et la dépouille d'un lion

Cette plaque de cheminée aux armes de France présente une riche ornementation à l’iconographie louis-quatorzienne. Dans son sommet de forme cintrée s’inscrit une tête d’Apollon entourée de rayons. Le dieu, auquel le roi Soleil est souvent associé, est représenté à de nombreuses reprises dans l’iconographie des décors royaux, en particulier au château de Versailles. Plus bas, deux éléments végétaux viennent renforcer l’iconographie royale : une branche de laurier, à gauche, symbole impérial depuis l’Antiquité romaine (et attribut d’Apollon), et une fleur d’iris ou de lys, à droite, symbole de la royauté française depuis le xive siècle. Selon la légende, l’utilisation de la première comme symbole de la monarchie française remontrait à Clovis, et la fleur d’iris serait devenue par déformation du langage la fleur de lys. Celle-ci n’est toutefois adoptée définitivement que sous le règne de Charles V. Au niveau inférieur, la dépouille d’un lion, symbole de force et de royauté, est accrochée par deux clous. Une iconographie herculéenne et martiale est aussi mise en œuvre sur cette plaque : la peau de lion peut évoquer à la fois Hercule qui, après avoir tué le lion de Némée, se couvrit de sa dépouille, et la victoire récente du jeune roi sur la Flandre, lors de la guerre de Dévolution (1667-1668) puis de la guerre de Hollande (1672-1678). Cette iconographie guerrière trouve un écho en bas à droite, avec la présence d’un tambour, et de part et d’autre de la plaque avec l’extrémité des hampes des drapeaux rappelant ceux pris à l’ennemi. Au centre de la plaque, les armes de France (d’azur à trois fleurs de lys d’or) sont surmontées de la couronne royale. Elles sont entourées de colliers des Ordres du roi : l’ordre de Saint-Michel est reconnaissable aux coquilles Saint-Jacques qui le parsèment ainsi qu’à son médaillon ovale dans lequel saint Michel est représenté terrassant le dragon ; la croix de l’ordre du Saint-Esprit, sur laquelle on distingue une colombe, est représentée en-dessous. Les armes sont elles mêmes entourées de trophées d’armes et de fleurs de lys. Une plaque identique, conservée au château de Versailles, est référencée dans Henri Carpentier, Plaques de cheminée, tome premier, Paris, F. de Nobele, 1967, p. 201, n°532. On retrouve également un motif similaire sur une plaque en bois datée de la fin du xviie ou du début du xviiie siècle conservée au musée lorrain de Nancy, documenté dans Philippe Palasi, Plaques de cheminées héraldiques, Paris, Editions Gourcuff-Gradenigo, 2014, p. 54, B. Le livre de Henri Carpentier situant une plaque identique à la nôtre au château de Versailles, la qualité de la fonte de la plaque, son iconographie à la fois royale et martiale, indiquent qu’elle fut probablement exécutée pour le château de Versailles sans doute juste après les premiers succès militaires du règne de Louis XIV, à la fin du xviie siècle.