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Style Orientalisme / Ref.14042

Miroir au décor émaillé polychrome d’inspiration nasride signé et daté 1886

Dimensions
Largeur : 48cm
Hauteur: 80cm
Profondeur : 3cm

Époque et provenance:
XIXe siècle.

Statut:
Bon état. Petites griffures et heurts sur le miroir.

Ce superbe miroir au décor émaillé polychrome est une pièce d’exception inspirée de l’art nasride, représentatif des formes architecturales et décoratives du Palais de l’Alhambra.

 M. Philippe Imberton est, à l’heure présente, le roi de l’émail ; il le sème sur le verre, d’une main prodigue et brillante, tôt par larges plaques, tantôt par filons légers, mais de façon à produire toujours les plus heureux effets décoratifs. 
article de Louis Enault dans La Presse, paru le 25 septembre 1884.

Les motifs géométriques et végétaux sont une véritable prouesse innovante dans l’industrie de l’émaillerie sur verre. Disposés sur un miroir rectangulaire, les émaux sont élégamment composés et colorés pour former un décor d’inspiration nasride, reprenant ainsi la forme d’une architecture mudéjare, manifeste des échanges culturels et artistiques dans la péninsule ibérique au XII et XVI siècles. Le contour d’émaux en forme d’arc outrepassé présente un élément typique de l’architecture arabe andalouse, visible depuis les églises paléochrétienne jusqu’aux mosquées transformées.

Arc polylobé dans le palais de l’Aljaferia à Saragosse
Arc polylobé dans le palais de l’Aljaferia à Saragosse
Plafonds de muqarnas dans le palais de l’Alhambra à Grenade
Plafonds de muqarnas dans le palais de l’Alhambra à Grenade

L’arc outrepassé est soutenu par de très fines colonnes à base concave et moulurée d’anneaux, un type de colonne unique qui n’apparaît que dans le Palais de l’Alhambra et qui indique le passage vers un lieu sacré ou royal. Le chapiteau est divisé en deux corps, dont le premier, cylindrique, présente une décoration florale voluptueuse. Au-dessus, un prisme décoré d’une frise végétale à la base arrondie vient délicatement cintrer l’ensemble du miroir.

 J’ai rarement vu plus de puissance unie à une plus grande habileté. 
Article de Louis Enault dans La Presse, parue le 17 décembre 1880.

La finesse de l’émailleur est rendue par la richesse de l’ornementation polychrome des motifs végétaux, notamment par les arabesques de l’arc polylobé, c’est-à-dire de petits arcs contigus, se terminant chacun en arc pointé, polylobé également. Ces arcs polylobés évoquent également la voûte de muqarnas, un des éléments décoratifs les plus impressionnants parmi l'ornementation utilisée dans l'Alhambra. L'alfiz, le cadre qui entoure l'extérieur de l'arc, est décoré par des bandes complexes enlacées de filigranes floraux rouge et jaune.

L’ensemble du portique est encadré de frises régulières et harmonieuses, ornées de motifs végétaux et structurées par des lignes de petites fleurs blanches. Six fleurs de grenadier sauvage, aussi appelées balaustes, sont encadrées sur fond d’émail blanc par l’étoile à huit branches, une figure récurrente dans l’ensemble de l’art islamique. Les fleurs sont légèrement ouvertes et accompagnées de petites graines de grenade, une connotation de la fécondité et un symbole littéral de la ville de Grenade, où se trouve l’Alhambra. Elles inscrivent bel et bien le décor dans une influence arabo-andalouse, également caractérisée par quatre fleurs de lys dessinées en miroir, comme pour dire la réunion des deux influences monothéistes à Grenade.

On constate l’étendue du raffinement dans le détail des fixations ornées de strass qui attachent le miroir de verre à un support en bois.

Alors que la représentation des figures dans l’art musulman est prohibé, les reflets des visages dans la glace déjouent naturellement l’interdit. On peut lire dans un article des Arts Industriels, paru dans La Presse paru le 25 septembre 1884, quelques lignes notifiant un miroir précédent le notre :  Il ne déplaira pas aux femmes non plus de se trouver belles en mirant leurs frais visages dans cette jolie glace orientale, dont l’encadrement merveilleux réunit le charme du motif à la splendeur des colorations. 

L’ornementation dynamique finement travaillée met en évidence les influences arabo-andalouses d’une végétation luxuriante, stylisée de fleurs et d’arabesques polychromes. L’apparence à la fois structurée et onirique du décor confère à ce miroir un aspect solennel et majestueux, donnant un peu de profondeur à la pièce en verre couvert d’argent. Les tracés de l’arc polylobé sont caractéristiques de l’architecture ottomane, ainsi que l’utilisation des motifs végétaux décorés d’entrelacs, de réseaux géométriques ou floraux. La complexité des émaux cloisonnés, véritable innovation pour l’époque, confirme la maîtrise et l’audace de l’artisan verrier.

Palais de l’Alhambra, à Grenade en Espagne
Palais de l’Alhambra, à Grenade en Espagne

Philippe Imberton affirme son audace et son originalité lorsqu’il expose au centre de la grande nef du Palais de l’Industrie en 1880, un kiosque oriental remarquable. Il y réunit tout son savoir-faire, toutes ses applications de l’émail sur différents objets et supports. Son stand présente de nombreuses nouveautés tels que des vitraux d’émail et des porcelaines émaillées, une tentative fort réussie et « à laquelle nous croyons un grand avenir ».

JACQUES-PHILIPPE IMBERTON

D’origine portugaise, Jacques-Philippe Imberton était un verrier, émailleur et incrustateur de premier ordre reconnu pour ses inlassables recherches dans la production d’émaux sur verre. Il participe à relancer l’industrie du verre émaillé polychrome au XIXe siècle, dans laquelle il sera l'inventeur d'un nouveau procédé d'émaillage sur verre qui prendra son nom.

Après une période d'oubli liée au déclin du XVIIe siècle, la multitude de pièce en verre émaillé exposée en 1878 à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris, dont des pièces notables de Philippe Imberton, va contribuer à la redécouverte de l’émail sur verre, ainsi que les motifs ottomans qui deviendront une source d’inspiration pour les céramistes occidentaux. Il travaille en 1882 chez Bucan et Duponthieu et réalise quelques projets pour les Frères Appert à Clichy. Entre 1878 et 1891 il installe ses ateliers au 21 rue Rochechouart dans le nord de Paris, ainsi qu’un magasin au 38 boulevard des Italiens. Il développe rapidement un style original qui lui est propre, notamment par l’emploi persistant du bleu turquoise et par ses mélange d’émaux, cloisonnés d’or ou de couleurs vitrifiables, favorisés par une composition spéciale qu’il applique à la main. Les pièces sont ensuite émoufflées et chauffées jusqu’à complète fusion de l’émail sur le verre. Sa technique du verre émaillé fait de ses pièces de véritables œuvres d’art « à la substance étincelante et fragile », tant par la pureté des formes, la délicatesse des ornements ou encore par la richesse de ton.

Paire de vitraux en verre émaillé à décor d'un vase de fleurs
Paire de vitraux en verre émaillé à décor d'un vase de fleurs

À la tête de l’émaillerie moderne, chercheur infatigable qui enchaîne les investigation, P. Imberton se distingue par la qualité rare et précieuse de son émail solide et se rapproche ainsi des grands artistes orientaux. En effet, la netteté énergétique de ses émaux colorés rappelle les merveilles trouvées dans les mosquées du Caire, de Damas ou de Constantinople, dont il entreprendra certaines reconstitutions de chefs-d’œuvre arabes. Tantôt dans le goût de la Renaissance, ou dans le goût byzantin ou persan, il élabore un nouveau procédé d’application de l’émail sur vitraux des plus originaux, où l’émail forme sur la vitre des lacis brillants, d’un dessin original et d’un éclat incomparable. Quelques une de ses pièces sont de véritables spécimens de verrerie de grand luxe, dont certains conservés au Corning Museum of Glass et au Musée du Conservatoire National des Arts et Métiers. En 1884, il fait don au Conservatoire National des Arts et Métiers d'une collection d'échantillons montrant les étapes successives de sa technique d'application des émaux sur verre. Ses innovations, ainsi que sa curiosité lui vaudront un succès notable aux expositions universelles auxquelles il participe, dont celles de 1878 à Paris, celle de 1884 à Amsterdam ainsi que celle de 1888 à Barcelone où il sera récompensé de médailles d’or.