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" Les grotesques sont une catégorie de peinture libre et cocasse inventée dans l'Antiquité pour orner des surfaces murales où seules des formes en suspension dans l'air pouvaient trouver place. Les artistes y représentaient des difformités monstrueuses créées du caprice de la nature ou de la fantaisie extravagante d'artiste : ils inventaient ces formes en dehors de toute règle, suspendaient à un fil très fin un poids qu'il ne pouvait supporter, transformaient les pattes d'un cheval en feuillage, les jambes d'un homme en pattes de grue et peignaient ainsi une foule d'espiègleries et d'extravagances. Celui qui avait l'imagination la plus folle passait pour le plus doué "     Giorgio VASARI, De la peinture, Introduction technique, chapitre XIV, vers 1550

On rattache l’origine des grotesques et leur étymologie à la découverte à Rome et dans sa campagne de décors peints dans les maisons romaines ensevelies depuis des siècles, notamment dans les ruines de l'antique palais de Néron, la Domus Aurea. Cet empereur s’était fait construire un extravagant palais, juste après le grand incendie de Rome, qui comportait plusieurs bâtiments distincts, de vastes jardins, ainsi qu’un lac artificiel. Tour à tour, les artistes explorent ces salles étonnantes. Les fresques de la Domus Aurea correspondent au quatrième style pompéien ; un style qui est caractérisé par ses architectures filiformes et végétalisées et une ornementation composée de plantes, d’animaux ou encore de monstres tels que le griffon ou les centaures. Les fresques ainsi découvertes inspirent un nouveau style de décoration plein de fantaisie que l’on baptise « grottesques », en référence à la « grotte » dans laquelle ils se trouvent. Alors qu’à la fin du XVe siècle, le goût pour l’Antiquité s’affirme, l’Italie est le point de départ de cette « renaissance » avec l’exploration des ruines antiques et la redécouverte de leurs décors.
Au cours du XVIème siècle, le mot « grottesque » perd un « t » : l’orthographe évolue en même temps que le style des « grotesques » se transforme. Pouvoir englober toutes les formes imaginatives de l’ornement devient la force du grotesque. Le mot se charge d’un sens comique, ridicule. Des bizarreries, monstres, drôleries et rinceaux habités, ou encore des singeries et chinoiseries fourmillent dans ces ornements. Deux aspects fondamentaux permettent toujours de les identifier : la négation de l’espace - il s’agit un monde sans poids où tous les éléments semblent flotter -, et la présence de formes hybrides, issue de la pure fantaisie, à moitié humaines, animales ou végétales. L’art grotesque sert à décorer les plafonds et les murs sur lesquels de grandes peintures ne pouvaient être apposées et de nombreux peintres se spécialisent dans ce genre, comme les célèbres artistes Domenico Ghirlandaio, Raphaël et Michel-Ange. Vers 1518, Raphaël et son atelier décorent les fameuses Loges du Vatican, et consacrent les grotesques qui connaissent alors un extraordinaire succès.

L’estampe et la gravure participent à la diffusion rapide des motifs grotesques copiés ou réinventés, et servent au report des motifs dans la peinture murale, la tapisserie ou encore l’orfèvrerie et la céramique. En France, Jacques Androuet du Cerceau, protégé par François Ier, simplifie les formes de l’art grotesque en créant une structure plus harmonieuse. Tout le siècle sera imprégné du style qu’il s’est forgé. Au siècle suivant, en accord avec le Classicisme français, les motifs à grotesques sont régis par la symétrie et l’harmonie. Après le XVIème siècle triomphant, le XVIIIème siècle avec la découverte d’Herculanum et de Pompéi, donne une nouvelle jeunesse à cette ornementation. Au XIXème siècle, les grotesques se font plus rares.

Détails des décors peints de la Domus Aurea, villa de Néron.
Raphaël et son atelier, Les Loggia, 1517-19, Palais du Vatican.
Planche de gravure avec motif grotesque, Jacques Androuet du Cerceau, Vers 1550. MET Museum, New York.
Masséot Abaquesne, Chevrette à décor de grotesques, faïence, XVIème siècle. Musée National de la Céramique, Sèvres.
Vitrail à décor de grotesques, grisaille et jaune d’argent, XVIème siècle, Musée National de la Renaissance, Château d’Ecouen.
Palazzo della Corgna, Chambre de la bataille de Trasimeno, fresque peinte entre 1574 et 1590 par les ateliers de Nicholas Circignani.
Gourde à l'emblème d'Alphonse II d'Este, duc de Ferrare (1533-1597), Musée du Louvre, Paris.
Armoire, attribuée à Nicholas Sageot, Paris, vers 1710. Musée des Arts Décoratifs, Paris.
Panneau à médaillon, 1ère moitié du XVIème siècle, France. Musée des Arts Décoratifs, Paris.
Détail d'une tapisserie à décor de grotesques à la Berain à fond jaune. Première moitié du XVIIIe siècle. Manufacture de Beauvais. Musée du Louvre, Paris.