Style Symbolisme / Ref.13900

Pierre-Adrien DALPAYRAT, Jardinière "La Mer"

Cette jardinière en grès à couverte émaillée fut exécutée par Adrien Dalpayrat vers 1896. Elle fit partie de la collection privée du sénateur Paulin Daudé entre 1901 et 1928.

Pierre-Adrien Dalpayrat (Limoges, 1844-1910) est l’un des céramistes européens les plus importants de la fin du xix^e siècle, notamment en raison de sa maîtrise de la technique des grès flammés. Il travailla pour différentes faïenceries, avant de fonder la sienne à Bourg-la-Reine. Il n’utilisait presque jamais de tour, ce qui ajoute à sa virtuosité dans la pratique de l’art de l’émail. Le céramiste s’associa notamment avec Adèle Lesbros pour participer à diverses expositions, où ses pièces remportèrent un succès considérable.

Cette jardinière fut exécutée dans le cadre de la collaboration entre Dalpayrat et Adèle Lesbros. Ces deux noms ne furent associés qu’à partir de 1894, et, dès 1896, un plâtre préparatoire de l’œuvre figure sur une photographie parue dans la Revue Illustrée. Celui-ci a donc dû être réalisé entre 1894 et 1896, et notre jardinière vers 1896. L’œuvre faisait partie d’un ensemble comprenant également deux vases sur le thème de la mer.

La jardinière « La Mer » présente les mouvements impétueux de vagues agitées et de leur écume. L’émail vert et gris, blanc par endroits, aux formes découpées et irrégulières, évoque une mer déchaînée ; par contraste, le rouge sang-de-bœuf (le célèbre « rouge Dalpayrat ») du crabe en haut-relief, profond et lumineux, se détache nettement sur la mer. L’originalité de cette œuvre réside dans la virtuosité avec laquelle Dalpayrat décora les surfaces en grès et dans sa manière d’exécuter ce modèle. Sa signature à la grenade éclatée est creusée sous la base.

Les deux vases composant avec la jardinière une garniture de cheminée complète sont conservés au Saint-Louis Art Museum et en collection privée. Ces vases, tout comme la jardinière, arborent à la fois la couleur verte marine s’accordant à la forme de l’écume qui couronne les vagues, et la couleur rouge sang-de-bœuf qui distingue notre œuvre. Le rouge semble monter des profondeurs de la mer et se dissoudre à mesure que l’écume est libérée en haut du vase.

À ce jour, chaque pièce de cette garniture n’est connue qu’en un seul exemplaire : à notre connaissance, la jardinière au crabe est une pièce unique, caractéristique de la production de son auteur, alors au sommet de sa carrière, et de sa collaboration avec Adèle Lesbros.

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