Style Louis XIV / Ref.15136

Maison TAHAN : Boîte à bijoux en ébène

Ébène, loupe, marqueterie d’étain et de cuivre, bronze doré

    Cette boîte à bijoux en ébène, loupe, marqueterie d’étain et de cuivre, est une production de la Maison Tahan, comme l’indique la mention gravée sur la tranche inférieure de la boîte, au-dessus de l’entrée de serrure : « TAHAN, Ébéniste de S. M. l’Empereur, PARIS ». Elle témoigne, par son style, du goût prononcé pour le travail de Boulle, à la mode en cette seconde moitié du XIXe siècle, qui a largement inspiré les artisans de l’atelier Tahan.
Cette élégante boîte à bijoux attire d’abord le regard par la forme qu’elle adopte, relevant à la fois du rectangle et de l’ovale. En effet, les quatre pans du coffret offrent une ligne très travaillée, faite de courbe et de contre-courbes, de manière à marquer les angles en saillie. Au niveau de ces derniers, des petites consoles en bronze doré soutiennent la boîte qui, de ce fait, ne repose pas directement sur le meuble. Ces mêmes angles sont ornés d’un relief en bronze doré représentant une colonne surmontée par son chapiteau dorique. Par leur verticalité, les colonnes contrastent avec les tableaux de marqueterie qui s’étendent horizontalement, donnant ainsi au coffret un certain caractère. L’extrême animation des côtés, qui ne constituent pas une surface rigoureusement plane, représente un réel défi pour l’artiste chargé d’appliquer le décor de marqueterie. Ce dernier s’organise de part et d’autre d’un motif rayonnant en cuivre, d’où jaillissent deux tiges végétales en étain dont les ramifications se répandent sur un fond de loupe, encadré par de délicats filets de cuivre. Cette association des deux métaux couleurs or et argent donne de l’éclat à la marqueterie et se remarque d’autant plus par rapport au noir de l’ébène. Le couvercle reprend le même ordonnancement que la boîte puisque la séparation entre les tableaux de marqueterie est marquée par de larges feuilles d’acanthes en bronze doré situées dans le prolongement des colonnes en relief. Une fine moulure en bronze doré délimite le bord du couvercle et masque ainsi la séparation entre celui-ci et la boîte.  Elle rappelle également celle qui souligne le contour inférieur du coffret et la bande en ébène mise en réserve. Le décor de marqueterie du couvercle, semblable à celui de la boîte, s’inscrit de manière symétrique par rapport à lui. Le sommet du couvercle bombé est orné d’un médaillon entouré d’un mince filet de bronze doré au sein duquel s’entrelacent avec virtuosité des rinceaux végétaux de marqueterie métallique. L’intérieur de ce luxueux coffret est garni de velours rouge.

  

L’origine de la Maison Tahan remonte au début du XIXè siècle, en Belgique, lorsque Pierre Lambert Tahan fonde un atelier produisant des objets de tabletterie à base de bois de Spa, petite ville d’eau des Ardennes. Pierre Lambert décide de quitter Spa pour Paris peu avant 1806, date à laquelle il est installé dans le quartier du Temple. Il y exerce alors la profession d’ébéniste et de fabricant de nécessaires. En 1825, Pierre Lambert et son fils, Jean Pierre Alexandre, sont à la tête de deux fabriques, produisant les mêmes types d’objets. En 1844, Pierre Lambert Tahan cesse toute activité et laisse la direction de sa boutique à son fils. Il va alors révolutionner complètement l’organisation de l’entreprise en séparant manufacture et magasin, installé au 32 rue de la Paix. Un an plus tard, il est déjà signalé comme « Fournisseur du Roi et des Princes ». En 1855, il porte le titre de « Fournisseur de l’Empereur », ce qui nous mène à dater la réalisation de notre coffret après cette date. La Cour lui passe alors une grande quantité de commandes pour les bibliothèques, des tables, guéridons et nécessaires. Puis, Pierre Alexandre Tahan va participer aux grandes Expositions Universelles de son temps. C’est à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1855 ayant lieu à Paris qu’il présente une extraordinaire volière en noyer sculpté de feuillages et d’oiseaux en envol. Une des spécialités qui fait alors la renommée de la Maison Tahan est l’imitation du style Boulle dont cette boîte à bijoux est un bon exemple.
Après la chute de l’Empire, la Maison Tahan ne pourra que difficilement faire oublier les liens étroits qu’elle avait entretenu avec l’Empereur. En 1882, la fabrique cesse de produire et le magasin ferme ses portes.




Gravure extraite de : « Industrie d’Art, Ebénisterie française, Tahan », in Palais de Cristal, journal illustré de l’exposition de 1851, Dimanche 1er juin, p. 61.