Style Napoléon III / Ref.13949

Paul SOYER, Pendule en bronze, bronze doré et émaux, vers 1860

Cette pendule a été réalisée en bronze et en émail peint en grisaille. Le jeu des couleurs est perceptible, grâce à l’utilisation de deux patines sur le bronze, animant ainsi la surface de l’objet. La pendule adopte la forme d’une architecture miniature issue de la Renaissance, comme ce fut régulièrement le cas pour les pendules du milieu du xix^e siècle. Le corps de la pendule est de section carrée. Aux angles prennent place quatre colonnes, ornées d’un chapiteau d’ordre composite : il est coiffé de volutes imitant l’ordre ionique et garni de guirlandes de feuillages formant feston, dans un mélange des styles tout à fait caractéristique de l’art du xix^e siècle. Les colonnes sont reliées entre elles par un arc en plein cintre figuré en bronze doré et habité de chimères, animal fabuleux. Ailleurs, ces bronzes sont ornés de têtes de bélier, motif d’origine antique souvent repris au xix^e siècle, notamment sur le mobilier et les bronzes d’ornement.

L’émail est très présent sur cette pendule. Peint en grisaille et rehaussé d’or, il offre tout un décor d’entrelacs, de végétaux, de grotesques. Sous le cadran, deux putti engainés encadrent un vase débordant de fruits.

Sur les côtés de la pendule, deux personnages ont été représentés. Il s’agit d’un homme et d’une femme. L’homme est vêtu à la manière des personnages de la Ronde de nuit de Rembrandt (1642), c’est-à-dire à la manière des hommes du Siècle d’or hollandais. Situé sur un sentier bordé de végétaux, il tient un verre d’eau dans sa main droite et porte une épée à la ceinture. La femme, quant à elle, joue de la mandoline, instrument originaire d’Italie et apparu au xv^e siècle. Elle est somptueusement vêtue et porte un éventail rond, attaché à la châtelaine.

Originaire de Seine-et-Marne, Paul Soyer commence par exercer la profession de ciseleur à Paris, dès les années 1850. Peu à peu, il s'initie à la technique de l’émail afin de remplacer les bronzes ornementaux dans le décor du mobilier et ouvre un atelier de graveur-émailleur dès 1861, rue Mauconseil, entre les Halles et le quartier Bonne-Nouvelle. Il apporte alors sa collaboration à des émailleurs et des orfèvres de renom, tels Claudius Popelin, Charles Duron ou Gustave Baugrand. C’est d’ailleurs comme collaborateur de ce dernier qu’il obtient sa première médaille de bronze à l’Exposition Universelle de 1867. À la suite de ce succès, il ouvre un atelier de plus grande envergure, au 4 rue Saint-Sauveur, dans le même quartier, et se spécialise dans les diverses techniques de l’émail, avec une prédilection pour l’émail peint. Sa production, très variée, comprend aussi bien de petites décorations pour la bijouterie que de véritables tableaux en émail, en passant par des objets d’art émaillés pour l’orfèvrerie et des plaques destinées à l’ébénisterie. Émule de Popelin, il reste fidèle à l’art de la Renaissance et du début du XVII è siècle, affectionnant entre autres, la technique des émaux polychromes associée à la grisaille, et celle du camaïeu d’or.

Il participe également à toutes les Expositions Universelles françaises et étrangères, ainsi qu’aux Expositions de l’Union Centrale des Beaux-Arts appliqués à l’Industrie. Régulièrement récompensé, notamment par une médaille d’or en 1878, il est hors-concours et membre du jury en 1889, date à laquelle il reçoit la Légion d’Honneur.

Le musée d’Orsay à Paris a récemment acquis, auprès des descendants de Paul Soyer, une pendule quasiment identique à celle que nous vous présentons ici (OAO 1787). Selon les sources  du musée, cette pendule a figuré à l’Exposition Universelle de Philadelphie en 1876.